Après une certaine accalmie, le vampire revient en en cette fin du XVIIème, et une nouvelle vague de chasse aux vampires déferla, qui correspondait à peu près à l'époque des plus importantes chasses aux sorcières de l'histoire du Christianisme.
Dans les salons littéraires, on aime se faire peur : c’est la période du Gothique, ou Roman noir, et le diable fait partie des sujets de prédilection. Les traités de voyageurs qui sont allés à l'est, où le vampire s'est "institutionnalisé", se multiplient. Dans les campagnes, la peur règne, la population rurale est en proie à une sorte d’obsession morbide qui tourne à la panique ... On voyait des vampires partout, les polémiques concernant leur existence réelle battaient leur plein.
Le terme même de " vampire " apparaît pour la première fois dans un document officiel vers 1725 en Hongrie, dans un rapport fait par les autorités autrichiennes à propos d'un paysan nommé Peter Plogojowictz, accusé d'être réapparu après sa mort et d'avoir causé le décès de huit personnes dans son village natal de Kizilova. En France, c'est en 1732, à la suite d'une affaire similaire, le cas d'Arnold Paole accusé des mêmes maux, que le terme de vampire apparaît officiellement dans un article de la revue franco-hollandaise, Le Glaneur, traitant de ces deux cas. Ces deux affaires de vampirisme devaient donner naissance à une longue liste de non-morts attestés par l’Eglise, liste attestée lors du Concile de 1414, et les autorités locales, et ce dans toute l'Europe, jusqu'au XVIIIe siècle qui, malgré son appellation de Siècle des Lumières, vit une recrudescence étonnante de l'obscurantisme exacerbé à propos des cas de vampirisme.
Le terme de « vampire » n’apparaît qu’en 1746 dans la Dissertation sur les apparitions des anges, des démons et des esprits, sur les revenants et les vampires de Don Augustin Calmet.
Dans un autre ouvrage du même auteur- Vampires de la Hongrie et de ses alentours (1749), on trouve la définition suivante du vampire : « Les revenants de Hongrie, les vampires, sont des hommes morts depuis un temps considérable, quelquefois plus, quelquefois moins long, qui sortent de leurs tombeaux et viennent inquiéter les vivants, leur sucer le sang, leurs apparaissent, font le tintamarre a leur porte et enfin leur causent la mort. »
D’où vient ce mot de vampire ? Il existe plusieurs étymologies possibles : le terme «vampire », tel qu’il est orthographie aujourd’hui, serait emprunte a l’allemand vampir, dérive du serbe vampir, mort qui viendrait du mot turc uber, qui signifie sorcière ; ou alors, il proviendrait de la forme du slavon opir. Cette forme s’est conservée dans la langue serbe moderne, ou l’on rencontre le verbe piriti (se gonfler, s’enfler). Cette théorie semble très plausible, si l’on prend en considération les différentes représentations du vampire dans l’imaginaire slave.
C’est, en effet, dans les pays de l'Est, particulièrement en Hongrie et en Roumanie que les cas de vampirisme furent les plus fréquents. En effet, la mythologie de ces pays regorge de créatures infernales censées réapparaître sur terre une fois par an, la nuit de la Saint-André (30 novembre), et pendant laquelle toutes les créatures de l'enfer, et en particulier les vampires, peuvent surgir et se lancer dans des batailles aériennes dont l'issue pouvait apporter la prospérité au pays, ou à l'inverse, les pires épidémies. L’apparence fréquemment attribuée au vampire par ces populations bulgare et serbe, est celle d’une outre vivante, remplie de sang, et qui roule par terre. Le vampire cause de différents dégâts :il chevauche le bétail, boit son sang et s’attaque parfois aux humains. Le seul moyen de l’éliminer est de le percer avec une aiguille, une épine, un clou ou tout autre objet aigu. Meme lorsqu’il emprunte une apparence humaine, la seule façon de le détruire reste de le transpercer. Dans ce cas, de son corps gélatineux et sans aucun os, s’écoule tout le sang qu’il a absorbe.
On assista, tout au long du XVIIIe siècle en l’Europe, à de nombreuses épidémies virulentes qui dévastèrent une grande partie de la population des villes et des campagnes. On peut citer en particulier la grande peste de 1720 qui, partie de Marseille, fit des milliers de victimes, et se propagea aussi bien en Pologne, qu'en Hongrie et autres pays limitrophes, pour remonter jusqu'à Moscou. Trois ans plus tard, en 1723, ce fut le tour de Lisbonne de connaître une violente épidémie de fièvre jaune qui s'étendit également à toute l'Europe, de même qu'une épidémie de variole qui décima une grande partie de la population enfantine. En 1783, une seconde épidémie de peste ravagea à nouveau l'Europe de l'Est, alors que les premiers cas de choléra allaient déferler sur le continent au cours du siècle suivant, venant de l'Europe orientale pour se répandre avec une rapidité fulgurante dans toute l'Europe occidentale, sans oublier la tuberculose responsable elle aussi de nombreux décès.
Ces épidémies répétées étaient évidemment la conséquence de l'accroissement des échanges de population liés aux progrès importants des moyens de transports, mais elles furent attribuées, surtout dans les régions les plus reculées comme l'étaient alors les pays d'Europe de l'Est (en majorité des communautés rurales) à des causes irrationnelles, dont le vampirisme apparaissait comme l'explication la plus plausible, renforcée par les légendes et les superstitions des pays touchés. D'autres facteurs de maladies infectieuses étaient les animaux sauvages qui propageaient diverses maladies, en particulier la rage, d’autant plus que les animaux d'élevage (bœufs, moutons) pouvaient aussi transmettre des maladies à l'homme comme la maladie du charbon. Celle-ci, en effet, contamine quiconque mange de la viande infectée insuffisamment cuite. Bien que naturelles, ces épidémies furent mises sur le compte de créatures sorties de la tombe pour venir infester les vivants.