De là, fleurirent de nombreux moyens plus ou moins archaïques pour se protéger du vampire : on entourait portes et fenêtres de fleurs d'ail (comme dans l'Antiquité), ou de façon plus radicale, on déterrait le cadavre accusé d'être un vampire pour lui couper la tête et lui enfoncer un pieu dans le cœur. Ainsi, à Vienne en 1732, 17 cadavres furent jugés pour vampirisme, condamnés, décapités et enfin brûlés et ,en 1755, on assiste à un procès contre 7 morts en Moldavie. Ces expéditions punitives sur les morts furent fréquentes et développées au cours du siècle à tel point que les autorités des différents pays concernés furent amenées à prendre de mesures interdisant le recours à ces pratiques : en 1755, Marie-Thérèse d'Autriche ordonna une enquête sur le phénomène auprès d’un collège d'experts physiciens afin de rationaliser le problème. De son côté, le pape Benoît XIV, qui avait d’abord dénoncé le vampirisme avant de se rétracter, se déclara lui aussi choqué par ces profanations répétées et interdit toute cérémonie d'exorcisme visant à exhumer un cadavre dans un cimetière, déclarant qu'un corps conservé dans la terre ne relevait ni de Dieu, ni du diable, mais qu'il constituait un simple fait biologique.
Le XIXe
A cette époque, le Vampire n’est plus accusé d’engendrer les calamités, maladies et épidémies, et privé de ce rôle essentiel, il aurait dû disparaître à jamais. Mais ce n’est pas le cas, il réapparaîtra en Angleterre prise dans la logique d’une révolution industrielle doublée d'un froid matérialisme rigide et étouffant. Au milieu d'une société qui réprimait tant l'âme humaine, la littérature replongea directement ses racines dans ce qui n'était plus que folklore. Le Fantastique, populaire depuis le XVIIIème, et renouant avec les démons familiers de l'âme, devint un moyen de se soustraire à cette réalité oppressante, et se fit porte-parole de l'inconscient . Le vampire se retrouva ainsi investi d’une nouvelle mission, à savoir exalter nos peurs déguisées sous couvert de la fiction fantastique. D'abord sous la plume de Polidori ("The Vampyr", 1819 et sa suite française "Lord Ruthven et les vampires" par Cyprien Berard, de 1820), puis sous celle de LeFanu ("Carmilla", 1872). Mais il est aussi présent dans quelques études (les ouvrages de Montague Summers (1880/1948), ou un article dans le "Dictionnaire infernal" de Collin de Plancy, qui raconte l'histoire du vampire Harppe). Mais il existe cependant quelques cas de vampirisme, comme, par exemple, en 1871, celui de Croglin Grange, qui fut romancé par la suite.
Mais l’apogée du vampire en cette fin du XIXe siècle reste sans conteste le célébrissime « Dracula », de Bram Stoker. (1892) :le roman, basé sur de nombreuses recherches sur les ouvrages du siècle précédent, et, bien que l'auteur ne se soit jamais rendu en Transylvanie, ce roman porte en lui la force des anciennes croyances, mais il les réduit néanmoins de façon involontaire à une caricature de ce qui fut le Voleur de Vie. Le succès du "Dracula" entraîna de nombreuses adaptations cinématographiques, citons, entre autre, "Nosferatu" de Murnau (1922), ou "Dracula" de Ted Browing, premier film parlant sur les vampires (1931) au "Bram Stoker's Dracula" de F.F. Coppola (1992), plus d'une centaine de films sont consacrés au célèbre Comte. Cela acheva de répandre le Nosferatu et d'effectuer le remplacement des autres formes de vampires dans les esprits.