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NOTRE ANGE GARDIEN

Ce qui est certain, c'est qu'il n'est pas une âme qui n'ait son ange gardien. Ainsi chacun de nous non seulement peut être patronné par toute la cour céleste, mais il a son ange particulier. Ah ! si je pensais davantage à cette conduite admirable de la providence ; si je formais une intime alliance avec cet esprit choisi par Dieu pour être le meilleur ami de mon âme ! Il me semble que cet ange qui voit sans cesse la face de mon Père qui est dans les cieux, doit ressembler à mon âme si je suis tel que Dieu me veut. Il me semble que chaque âme doit porter la ressemblance et le reflet de son ange gardien. Il me semble que ce pur esprit, qui est notre compagnon et notre guide, doit avoir le même tempérament spirituel que l'âme qui lui est confiée, mais l'idéal de ce tempérament tel qu'il brillera dans l'homme parfait, réformé par la résurrection glorieuse ; de sorte que ces bonnes pensées qui nous viennent de cet esprit céleste soient le reflet et l'émanation de sa glorieuse beauté.

Et le bon ange, modèle le plus proche et le plus particulier de notre âme, est pour elle "comme le sacrement vivant, conscient, actif, de cette Providence divine à qui rien n'échappe, parce qu'elle est l'œil d'une science infinie, et que tout dans notre âme et dans notre vie, intéresse vivement, parce qu'elle est le regard d'un amour qui n'a point de bornes." (Mgr Gay, Confér.).

Jésus-Christ disait à l'une de ses favorites : "L'union la plus intime de l'homme n'est pas avec la création matérielle, mais avec la création angélique, parce que cette union doit durer toujours et jusque dans l'éternité. L'union avec la créature matérielle est d'un degré beaucoup inférieur, parce que cette union est transitoire et ne dure que dans le temps pour finir à l'entrée de l'éternité. De plus, l'union de l'ange avec l'âme est la plus forte, parce qu'elle n'est pas une union passive, mais opérante et pleine d'activité. Il y a communication entre l'âme des hommes et les anges, et cette communication est telle que l'homme finit par ressembler à l'ange et prendre position avec lui." (Lataste, Livre IV).
Cette union morale avec notre ange gardien a son symbole dans l'union physique qu'il conserve avec nous. L'ange a quitté le ciel, son pays natal, pour être à nos côtés. Le théâtre de son action est le lieu de sa résidence : il est donc au-dedans et au-dehors de nous, partout où sa présence est requise pour nos besoins. Sainte Thérèse et Catherine Emmerich le voyaient à leurs côtés ; Sainte Lidwine, dans ses voyages extatiques, était tantôt accompagnée, tantôt précédée par son ange qui portait au front une croix de feu, comme pour lui ôter toute crainte d'illusion. On connaît le fait de ce pieux jeune homme promu au sacerdoce : son ange qui le précédait auparavant, voulut dès lors lui céder le pas en témoignage de respect pour l'onction du Seigneur. Le bon ange se place à notre droite. Celui de Ste Françoise Romaine lui était visible nuit et jour : sans cesse à son côté droit il lui tenait fidèle compagnie, soit à la maison, soit dans ses courses à travers la ville.

Mais l'ange gardien réside ordinairement en nous. C'est ce que Saint Bernard conclut d'un texte de Zacharie. Le prophète communique avec le monde surnaturel par l'entremise de son ange gardien, et il répète jusque onze fois dans sa prophétie que l'ange parlait en lui. "Vous dites que l'ange peut habiter en nous, dit Saint Bernard, je ne le nie pas, puisqu'il est écrit : angelus qui loquebatur in me ; mais la présence des anges en nous n'est pas la source du bien, c'est une excitation à le faire." (De consid. 1. V, ch. I2). Dieu seul peut à la rigueur être l'hôte de notre âme, seul il peut habiter physiquement dans notre âme, mais du moins les anges peuvent habiter dans notre corps. De saints personnages, tels que V. Lefèvre et le P. Surin, ont demandé à leur ange gardien et nous pouvons comme eux demander au nôtre, d'être en nous pour inspirer nos paroles, diriger nos actions et nos démarches, nous aider à supporter et à sanctifier nos souffrances ou les guérir. Une légion de démons étaient entrés dans le corps du possédé de Gadara, la contre-partie de ce redoutable phénomène est évidemment possible, et du moins notre ange gardien peut-il, à notre appel, être présent à nos côtés et même en nous. Il ne nous est donc pas défendu de croire que l'ange gardien condescendant à nos vœux, ne puisse prendre dans notre corps la place que nous souhaiterions lui voir occuper. Quelle consolation pour un malade, par exemple, de songer qu'il peut inviter son bon ange à se fixer comme un baume rafraîchissant sur le siège de sa douleur ! N'est-ce pas l'ange gardien d'Isaïe qui purifiait les lèvres du prophète comme d'un charbon ardent ?
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