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Les anges sont nos médiateurs.

La médiation des anges dans l'ordre moral s'entend des relations qu'ils entretiennent entre Dieu et nous, et des services qu'ils nous rendent soit dans l'ordre temporel soit dans l'ordre plus étendu du salut des âmes. La médiation des anges répond donc aussi à l'office de la garde des hommes. Nous parlerons de l'une et de l'autre, indiquant leurs raisons d'être, leur portée et leur fruits multiples.

La médiation des anges se recommande de plusieurs raisons prises du côté de Dieu et du coté de nous-mêmes.

Jacob vit en songe une échelle lumineuse dont le pied butait à l'humble pierre qui lui servait d'oreiller et dont le sommet s'élevait jusqu'au ciel aux pieds de Jéhovah même : par cette voie les anges descendaient du ciel sur la terre et remontaient de la terre au ciel. C'est tout le ministère des anges dans la plus simple des images. Ils montent vers Dieu chargés des prières et des bonnes œuvres de l'homme, et descendent vers l'homme les mains pleines des grâces de Dieu.

Révélé aux premiers patriarches, Jésus-Christ manifestera de nouveau ce mystère aux derniers représentants de la loi, pour nous donner à entendre le redoublement de facilité que devront à l'Incarnation les communications avec le ciel. Il disait à Nathanaël : "vous verrez les cieux ouverts, et les anges de Dieu monter et descendre" (Jean I, 51).

Bossuet consacre un sermon tout entier à développer la double face de ce ministère des anges. Bien qu'il se défende d'en expliquer le mystère, nous essayerons d'en dire quelque chose.

La médiation des anges a pour but de nous proportionner à la fois à Dieu, notre fin, et à nos devoirs.

L'excellence des anges vient au secours de notre indignité dans les rapports indispensables avec Dieu notre Créateur ; la puissance des anges vient au secours de notre faiblesse dans la lutte contre nous-mêmes et contre le démon ; deux termes qui résument tous nos efforts en vue de nos destinées éternelles.

Le role des Anges a notre égard
Dans la lutte contre nos penchants, que pouvons-nous, même avec la loi naturelle pour règle, avec la raison pour flambeau ? Voilà le bien, je le vois ; mais il faut l'aimer, et il me répugne. Les anges nous rendent ce goût, signe d'un palais spirituel sain. Mais dans le détail de la vie, que d'illusions ! "Les pensées des hommes sont vaines" dit la sagesse. - "Je vois le bien... je fais le mal", confesse le philosophe. Irrésolution de la volonté, inconséquence de la conduite ! Dans nos déterminations, dans notre pratique, que de place pour le bon ange ! Il est là heureusement, en vertu de la grande loi générale relevée par Saint Thomas : les êtres variables sous la tutelle des êtres plus fixes, les corps corruptibles régis par les corps incorruptibles, et les uns et les autres par les substances spirituelles, âmes ou anges.

Nous n'avons pas à lutter seulement contre nos faiblesses, mais encore contre les légions déchaînées de l'enfer ! Si donc les mauvais anges nous poursuivent, pourquoi ne jouirions-nous pas de la protection des bons anges ? Il ne faut pas se le dissimuler, le démon fait les quatre cinquièmes de la malice humaine. Pourquoi Dieu l'a-t-il permis ? Pourquoi cette société forcée avec des êtres d'une autre espèce que nous, d'une autre origine, d'une autre destinée ? Pour nous exercer dans la vertu ? De fait ils l'exercent et souvent la trouvent en défaut. Mais enfin, notre vertu avait assez à faire avec les faiblesse de la condition humaine. Pourquoi nous exposer à la perversion d'esprits supérieurs, au risque de rompre à jamais l'équilibre de notre volonté ?

Telle est la loi de la grande famille des intelligences créées ; par le fait même de sortir libre des mains du Créateur, l'humanité entre dans la grande solidarité du bien ou du mal ; on ne peut pas être neutre ; ou pour Dieu, ou contre Dieu ; ou avec les esprits fidèles ou avec les révoltés.
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